Les lumières de la fête

Lendemain déchantant

Jour J

Toute ma famille (entendez, celle "de mon côté" !!) est rassemblée encore une fois à la maison, on avait débarrassé les meubles, installé les rallonges, emprunté les chaises chez le voisin, réparti les tâches. Ça roule, ma poule. Un grand jour.

J + 1

Je suis contente d'avoir été assise à côté de A. que je ne vois plus qu'une fois l'an, d'avoir fait connaissance de B., nouvel entrant, d'avoir pris date avec C. pour un dîner en plus petit comité. J'essaie la super jupe à volants qui m'a été offerte. De bonne humeur, nous papotons en essuyant les dizaines de verres. Engourdie, je respire à pleins poumons l'air frais qui entre dans la maison quand on ouvre les fenêtre et l'odeur du Monsieur Propre avant de laver par terre. A la nuit tombante, nous faisons le tour du quartier à pied. Un beau jour.

J + 2 (aujourd'hui)

La fatigue me tombe dessus. Je rumine ce qui était assez raté (sans fausse modestie : ma cuisine, mais ce n'est pas ça qui m'attriste), les invités partis trop tôt et trop vite, ce que j'aurais pu dire et que je n'ai pas réussi à exprimer, les questions que je n'ai pas posées, les interrogations qui sont restées sans réponse, le désarroi qui s'est fait jour, l'obligation de réserve, la fragilité du futur. Quand on lâche les vannes, la liste est longue. Un mauvais jour.

Vivement demain, après-demain, Noël, de nouvelles réunions de famille, en vous souhaitant de passer de joyeuses fêtes de votre côté.

La paix des familles

Ma sœur (qui a une très belle voix) et moi (toujours obsédée par ne pas laisser passer des occasions de faire ensemble des choses - si possible amusantes - dont on se souviendra) étions décidées à faire chanter en chœur nos petits-enfants à notre repas de Noël. Gageure !

Mercredi dernier, c'était répétition générale à la maison : on avait réussi à réunir les 4 apprentis choristes (1 de 7 ans et 3 de 4 ans) auxquels s'était adjoints leurs mères, un bébé et, le temps du repas, un oncle et deux tantes.

O. n'avait pas ménagé sa peine : elle a sorti de son caddie à roulettes, trimballés dans le métro, les tambourins, maracas, les CD, le lecteur de CD, les paroles des chansons photocopiées en plusieurs exemplaires. Et pourtant, le bilan de l'après-midi est plutôt mitigé.

Tout dépend de quel point de vue on se place.

1. On n'est pas du tout parvenues à faire chanter les enfants ensemble.

- On était trop nombreux, nous les premiers on avait envie de jacasser, les petits de jouer.
- On ne s'était pas mis d'accord entre nous préalablement : même pas sûr qu'on était toutes d'accord sur le principe de faire chanter les enfants, on en était encore à discuter quelles chansons on allait choisir (ah non, pas Petit Papa Noël !), on n'avait pas réfléchi à quel petit scenario mettre en scène ...
- Par crainte des réactions de l'enfant dont on craignait qu'il ne veuille pas chanter, aucune de nous n'a voulu prendre la direction des opérations ni faire acte d'autorité.
- Faut dire que c'est la première fois qu'on se lançait dans ce genre d'opération !

2. On a passé un super bon moment, tous en famille.

- On était très contents de se retrouver, cousins, tantes, neveu et nièces.
- Un enfant nous a récité une belle poésie de Claude Roy (qui n'avait rien à voir avec Noël), les autres, chacun leur tour, une petite chanson ; à un moment, on s'est même dit qu'on ne les arrêterait plus.
- Les adultes, elles, ont bien chanté !
- On n'a pas contrarié, ni contraint les enfants (même si cela aurait été provisoire et si cela avait été un passage obligé pour la bonne cause).
- On a ménagé les susceptibilités, on n'a pas risqué de faire apparaître des conceptions différentes en termes d'éducation. Priorité à la paix des familles.

Conclusion : on ne renonce pas définitivement, on fera sûrement mieux l'année prochaine.

Photo Anthony Voisin

PS. Ne manquez pas les photos d'Anthony illustrant un reportage sur les sans-papiers dans Le Monde2 de cette semaine

L'Avent et l'Aïd-el-kébir

Acheter un beau sapin qui sent bon, allumer une bougie, qui sent bon aussi, sortir le bœuf (qui n'a plus que 3 pattes) du papier journal dans lequel il somnole depuis 11 mois ; à la bibliothèque, tomber sur un livre datant de 1982 que les enfants adoraient "5 histoires de neige et de Noël" de Steven Kroll (Ed. Gallimard)

Lire à Mila la troisième, la plus belle assurément :  "Un enfant est né" . C'était il y a bien longtemps. Par une froide nuit d'hiver, trois hommes d'allure étrange cheminaient dans la neige. Nous sommes astrologues, dit l'un d'eux et nous venons de très loin. Une étoile est venue nous apporter une étrange nouvelle : un enfant est né, et son amour doit changer le monde.

S'émerveiller ensemble de découvrir que cet enfant est un bébé tout nu sur la paille d'une étable.

Lire dans le Monde du 8 décembre un reportage remarquable de Mustapha Kessous consacré aux invitées d'Allah. Cinq femmes d'origine maghrébine, lyonnaises depuis vingt ans, ont économisé sou à sou 4 000 € pour enfin s'offrir le Hadj, pèlerinage en terre sainte (comme, dit l'article, 5 millions de pèlerins venus du monde entier risquant leur vie pour accéder à la Kaaba en bravant la foule). "On pleure des rivières, on dort, on se prend en photos, on mange en famille. Gestes de foi mais aussi d'amour. Ici, nous sommes tous sur un pied d'égalité, précise Rahima. Les riches ne sont pas devant toi".

Bethléem, Saint-Pierre de Rome, la Mecque, l'Arabie saoudite, heureux vous les pauvres, le Royaume de Dieu est à vous.  

"Après la spiritualité, que faire ?" demande alors Mustapha Kessous à ces mères de famille. "Des courses, sourit Khadija".

Recavaler encore une fois au BHV de la rue de Rivoli. 

Deux photos extraites du blog de Liivian Talossa que je ne me lasse pas d'admirer. Les textes sont en finnois, d'accord, mais les photos parlent d'elles-mêmes. 

 

Contribuer et faire contribuer

En 1996 (ça me terrifie, mais passons), j'ai eu la chance de participer à une formation organisée par le cabinet Gordon Management dont le dirigeant Didier Hauvette voulait expérimenter avec des cobayes volontaires une méthode de "soutien à des projets citoyens" : notre groupe était partagé entre des "coaches" (le mot venait de sortir) et des "porteurs de projets", associés par tandems. Pendant une année, nous nous sommes réunis mensuellement pour confronter l'avancement de nos objectifs et apprendre, en situation, les techniques de coaching.

Ma manière d'appréhender les obstacles en tous genres en a été bouleversée. Encore plus décisive pour mon quotidien a été la leçon enseignée par Pierre Brunner, notre animateur : il ne cessait de répéter que "contribuer"  est le plus beau mot de la langue française. Il ne se passe pas de jours sans que je m'y réfère.

Ces derniers jours, quand mon amie A. s'angoisse du peu de temps qui lui reste pour bien préparer les fêtes de fin d'année ; quand R. regrette de n'avoir pas su créer le suspense nécessaire au jeu de piste organisé pour l'anniversaire de ses enfants ; quand je tente de venir au secours des organisateurs de fête angoissés et solitaires sur le forum d'Organiser anniversaire : POURQUOI NE PAS DEMANDER DE L'AIDE AUTOUR DE VOUS ?

Je connais bien les freins : on n'ose pas, de peur d'être redevable, par crainte de devoir s'avouer incompétent, de courir le risque d'être déçu en cas de refus, on n'a pas envie que ce soit mal fait (en tout cas, pas aussi bien que si on avait fait soi-même !), on redoute d'être trop sollicité en retour.

Pierre Brunner balayait toutes ces préventions : quand vous proposez à quelqu'un de contribuer à une de vos tâches, ce n'est pas un service que vous lui demandez de vous rendre, mais une opportunité de participer à un projet passionnant !

Vrai, ça change tout et, en plus, ça marche !

Photo Joël Laiter Elle à table décembre 2004

Illustration Noël 2008. J'ai enfin (mieux vaut tard que jamais) renoncé à mes tableaux d'instruction et laissé les invités décider de ce qu'ils voulaient apporter à notre repas de Noël. Les cuisiniers se sont jetés sur l'occasion de faire la démonstration de leurs talents. Ceux qui n'ont pas beaucoup de temps, ou d'argent, ont été assez grands pour dire qu'ils apporteraient du champagne ou des clémentines. Miracle, les apports s'équilibrent à peu près et le menu sera plus varié que si je l'avais programmé moi-même. Et enfin, apports collatéraux, j'ai évité la posture de commandante, j'ai pris une leçon de lâcher prise et ai reçu la confirmation qu'on gagne toujours à faire confiance.