- Deux billets pour Charleville Mézières, s'il vous plaît, ...
- Vous êtes fous, ou quoi ? Vous vous rappelez pas qu'Arthur, il s'est barré vite fait, d'une ville aussi déprimante ? Z'avez-vu qu'il pleut tous les week-ends depuis le début du mois ? Vous feriez pas mieux d'aller dans le Lubéron ?
- Pas du tout, nous on aime bien quand il n'y a pas trop de monde, on aime bien l'Est, pas seulement l'Alsace, les Vosges aussi ; et les Ardennes, ils en ont fait la promo dans le Nouvel Obs.
- La "voie verte" pour Monthermé, c'est par où ? on demande au loueur de vélos de Charleville, après deux heures de train.
- Au Conseil général, ils nous ont dit, "l'industrie, c'est foutu, aujourd'hui faut tout miser sur le vert" mais ils n'ont pas encore fléché la route pour se rendre d'ici au départ de la Trans-Ardennes (85 km de superbe piste cyclable le long de la Meuse jusqu'à Givet).
Alors, tous les deux, on pense : "c'est comme nous, la vie de compét', c'est foutu, maintenant nous aussi on mise sur le vert".
Et il a bien fallu enfourcher les vélos avec nos sacs à dos.
Et pédaler, pédaler, sans rencontrer âme qui vive. L'air était encore frais, les bords de l'eau paisibles.
Au détour d'une route, on a encore croisé quelques tentations, témoins de rêves d'autrefois.
Une Triumph de l'Amicale des Spitfire faisant étape à la Roche des Sept heures de Monthermé qu'on avait grimpé à pied.
Une maison couverte de vigne où on aurait pu, en d'autres temps, imaginer de recevoir les enfants et les amis façon "Claude Sautet" : gigot, tarte aux pommes et balle au prisonnier après le café.
Mais non, mais non, ce soir, on dort à l'Hôtel franco-belge et on prend le menu du terroir : terrine de sanglier, parmentier de sanglier, crème au sanglier brûlée. Si on n'aime pas le sanglier, on peut changer avec le boudin blanc.
- Après tout ça, la bière, on y a quand même droit quand elle est produite en local (L'oubliette de la brasserie de Charleville) ?
P.S. Du coup, j'ai ouvert un nouveau classeur (je suis accro aux classeurs "projets"), celui-là intitulé "Chemins de halage" car nous avons bien l'intention de poursuivre ces découvertes à vélo. Prochaine étape, des fois qu'on aurait que moitié confiance dans la météo dans l'Est : le canal du Midi.